Quinze septembre 1940. Marseille.
Simone Weil (1909-1943), philosophe engagée dans son temps, est réfugiée à Marseille en attendant de fuir la France pour échapper aux nazis. C’est dans ces circonstances que parvient la nouvelle de l’assassinat de Léon Trotski, au Mexique, commis par un agent des services russes. Elle désire exprimer ses condoléances, ou pour le moins sa sympathie, à la veuve, Natalia (1882-1962). Les deux femmes ne se sont rencontrées qu’une fois, le 31 décembre 1933. Ce soir-là Simone a reçu le couple, ainsi que leurs enfants, chez ses parents rue Auguste-Comte à Paris. Simone et Léon se sont ensuite croisés à plusieurs reprises, jusqu’à l’expulsion de France de ce dernier en juin 1935.
Mais au moment de se mettre à écrire, elle ne peut évacuer un trait dominant de leurs échanges : ils furent conflictuels et marqués par les oppositions entre Simone et Léon. Cette difficulté la conduira à se remémorer les situations qu’elle a traversées durant les années ’30 et les engagements de cette période.
Note : cette lettre est imaginaire. Simone Weil a probablement été informée de l’assassinat de Léon Trotski, mais rien n’indique qu’elle ait envisagé d’envoyer un message de sympathie à Natalia.